Lutte contre le terrorisme en Afrique: La guerre en rangs dispersés

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Le Président Sall a présidé, hier, l’ouverture du 5ème Forum sur la paix et la sécurité en Afrique.

En l’absence des Présidents africains à l’exception d’Adama Barrow de la Gambie qui a rehaussé de sa présence cette rencontre fort importante pour l’Afrique.

Macky a certes déclaré devant la presse qu’il a lui-même souhaité qu’il en soit ainsi pour alléger le protocole et ouvrir davantage les concertions, mais cet argumentaire cache mal la division qui règne en Afrique sur la lutte contre le terrorisme et l’insécurité.

En effet, comment comprendre des concertations sur les stratégies de lutte contre ce fléau des temps modernes sans les principaux décideurs que sont les Chefs d’Etats africains ?

Il est toujours bon de discuter pour trouver des solutions les meilleures pour stopper l’avancée du fondamentalisme en Afrique, mais en l’absence des Chefs d’Etats, les conclusions vont encore dormir dans les tiroirs. Pis, des actions concrètes seront difficilement mise en œuvre, quelle que soit la pugnacité des experts qui se réunissent à l’occasion.

Bien sûr, les Nations Unies et le ministre français de la défense étaient bien présents, en plus d’autres personnalités, mais cela ne suffit pas.

Le minimum de réalisme et de bon sens aurait été que le G5 Sahel mandate au moins un des Chefs d’Etat, du moins un haut représentant.

La réalité est que la lutte contre le terrorisme est entreprise, en Afrique, comme toutes les autres batailles, c’est-à-dire dans la division, l’individualisme, le scepticisme et la susceptibilité des leaders.

Chacun mène sa guerre dans son coin tout en étant sûr de perdre. Il n’est pas alors étonnant que le Mali et le Burkina tout récemment comptent sur des interventions françaises pour stopper l’avancée de djihadistes. La dernière sollicitation du Burkina à ce propos date de quelques jours alors que la force du G5-Sahel est supposée être opérationnelle.

On me dira qu’il y a des problèmes de trésorerie et que le G5 n’a pas assez eu de soutiens extérieurs, mais il en est ainsi de tous les problèmes auxquels l’Afrique est confrontée : On cherche les soutiens du côté de l’Occident qui, si elle ne bouge pas, rien ne bouge.

Or, l’Afrique devrait être unie au moins une fois. Quand la force G5 était conçue, les initiateurs auraient dû penser à tous les Etats du Sahel qui travaillent déjà dans le cadre du CILSS depuis des décennies pour vaincre l’équation de la pauvreté et des défis environnementaux.

Alors comment se fait-il que, quand il s’agit de sécurité, le Sahel se réduit simplement à 5 Etats là où tout le monde est menacé ?

Il n’est pas étonnant alors que le Forum de Dakar soit de plus en plus boycotté par les chefs d’Etats. La réalité est qu’ils se disent qu’ils ont d’autres chats à fouetter avec leurs propres structures et cadres de lutte qui ont du mal à fonctionner.

La guerre contre le terrorisme se fait alors en rangs dispersés, au grand bonheur des activistes qui gardent toutes les forces de frappe.

L’autre préoccupation est liée est fait que l’Afrique ne s’arrête pas seulement au Sahel. Des pays comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, sont aussi concernés. Parfois plus que les autres. Et ils ont développé une expertise assez respectable en la matière.

Alors, pourquoi ne pas les intégrer dans cette lutte ? A-t-on tenté de les inviter ? Est-ce qu’il y a une initiative africaine de lutte sous la bannière de l’Union africaine ? Jusqu’où le Sénégal a impliqué l’UA, l’ONU ?

Un questionnement qui s’impose car il ne faudrait pas aussi que Dakar pense pouvoir faire cavalier seul. Les initiatives solitaires, en la matière, ne sont salutaires que si elles sont avalisées et prises en charge par les organisations internationales.

Pourtant, il suffisait qu’Emmanuel Macron soit attendu à Dakar pour que les Chefs d’Etat se bousculent pour se faire inviter.

Comment voulez-vous que les Français nous respectent si nous ne nous respectons pas entre nous ? Si Alpha Condé, IBK ou un autre Président africain prend l’initiative de l’invitation, ses homologues traînent les pieds. Mais si un Chef d’Etat d’un pays occidental le fait, tout le monde est présent.

En clair, nous aimerions savoir si le Président a invité cette fois-ci les autres Chefs d’Etat ou s’il a omis de le faire ? Car, c’est là où se trouve le problème.

S’il ne les a pas invités, il a tort et s’il les a invités et qu’ils ne sont pas venus, ils ont tort.

Assane Samb

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