Un officier de l’ancien Régiment de sécurité présidentielle (RSP) accuse le général Gilbert Diendéré d’être le « commanditaire » du coup d’État manqué de septembre 2015 au Burkina Faso.
« C’est un coup du général et de quelques sous-officiers réfractaires », a déclaré à la barre le lieutenant Aliou Ghislain Gorgo.
Selon lui, les autres officiers militaires ont été mis devant le fait accompli.
Le lieutenant Aliou Ghislain Gorgo, âgé de 33 ans, a déclaré devant les juges que l’ensemble des officiers avaient été tenus à l’écart de l’opération.
C’est à 16 h 30, soit deux heures après l’arrestation des autorités du gouvernement de transition, que le général Gilbert Diendéré leur a expliqué ce qui se passait au palais présidentiel.
Au cours d’une réunion d’officiers sous bonne garde, un fait inhabituel, le général s’est excusé de ne les avoir pas informés à temps.
« Ce genre de choses, on ne peut le dire à le tout le monde », a raconté le jeune lieutenant, en disant citer le général Diendéré.
« La responsabilité du coup d’État est imputable au groupuscule réfractaire et au général Gilbert Diendéré », a insisté Aliou Ghislain Gorgo lorsque le parquet lui a demandé à qui le coup d’Etat doit être imputé.
« Ce sont eux, poursuit-il, qui composaient le commando invisible à l’origine des exactions en ville. Les faits et gestes des officiers étaient surveillés par des binômes en moto. »
Le lieutenant Gorgo reconnaît avoir envoyé des missions pour « sécuriser » les lieux de rassemblement et de dépôt de munitions au moment du putsch.
Il a été félicité par le parquet et la partie civile pour la cohérence de ses propos en audience avec les procès-verbaux d’instruction.
Mais l’avocat Olivier Yelkouni, chargé de défendre Gilbert Diendéré, a estimé qu’il fallait attendre ce que dira son client à l’audience avant d' »apprécier » la version donnée par le lieutenant Gorgo.
Le général Diendéré est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre et coups et blessures volontaires.
Plusieurs personnes avaient été tuées lors de manifestations consécutives au putsch manqué, à Ouagadougou, la capitale.
Gilbert Diendéré et les autres éléments du RSP avaient ensuite remis le pouvoir au gouvernement de transition dirigé par Michel Kafando, à la suite d’une médiation des dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.