Deux chauffeurs de Dakar Dem Dikk ont comparu, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour vol au préjudice de l’employeur. Ils utilisaient des cartes « rapido » de leur société à d’autres fins. Les mis en cause risquent 5 ans de prison ferme.
5 ans de prison ferme, c’est la peine que risquent les sieurs Diakhaté et Niakasso. Tous les deux chauffeurs à la société de transport Dakar Dem Dikk, ils ont comparu, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour les faits d’association de malfaiteurs et de vol au préjudice de l’employeur. Il ressort des débats que la société de transport, effectuant des audits périodiques sur les cartes « rapido » illimitées, a remarqué la disparition de plusieurs d’entre elles. C’est sur ces entrefaites que la Senac a été saisie pour mettre la main sur les utilisateurs desdites cartes. Il faut dire que les premières personnes interpellées dans cette affaire sont des chauffeurs de bus Tata qui utilisaient les cartes en question pour l’autoroute à péage. Entendus par les enquêteurs, ils ont déclaré que les cartes « Rapido » leur ont été remises par le sieur Diakhaté, chauffeur à Dakar Dem Dikk. Interpellé et soumis au feu roulant des questions, ce dernier a reconnu avoir remis les cartes à ces chauffeurs de bus Tata. C’est pour qu’ils lui versent tous les jours des sommes d’argent via Orange Money en fonction de leurs passages sur l’autoroute à péage. De son côté, Niakasso, également chauffeur à la société Dakar Dem Dikk, a soutenu avoir utilisé les cartes pour le taxi qu’il conduisait pour faire des heures supplémentaires à sa descente. Ce n’est pas tout car il remettait aussi sa carte à son beau-frère qui l’utilisait avec des véhicules particuliers. A l’enquête préliminaire, les mis en cause ont changé de fusil d’épaule, arguant qu’ils ont ramassé lesdites cartes. Mais, renseignent-ils, ils ne les ont jamais volées.
Dakar Dem Dikk réclame 5 millions aux prévenus
Devant la barre, hier, ils ont encore changé de version. « J’ai pris la carte à mon service lorsque j’étais sur le classique 404. A mon retour de mission, j’ai oublié ma carte dans ma poche. Et depuis lors, elle est avec moi », a dit Niakasso. Quant à Diakhaté, il a martelé avoir remis les cartes qu’il a ramassées au chauffeur de Tata Mansour Sarr. « Je lui ai proposé de les utiliser pour payer leurs passages sur l’autoroute à péage et de me remettre à chaque descente de l’argent correspondant au nombre de passages effectué au niveau du péage dans la journée. Il faut dire que j’ai même porté plainte contre ces chauffeurs car ces derniers avaient refusé de me rendre les cartes », a-t-il soutenu. Malgré leurs déclarations, la société Dakar Dem Dikk a réclamé 5 millions de nos francs aux prévenus à titre de dommages et intérêts. « C’est des faits extrêmement graves. L’association de malfaiteurs ne souffre d’aucun doute. Ils ont servi plusieurs depuis le début de cette affaire. Ce qui démontre de leur mauvaise foi », a dit l’avocat de la partie civile. De son côté, le maître des poursuites a soutenu que les faits sont constants. Selon lui, les cartes appartiennent à l’Etat du Sénégal, donc c’est un détournement de deniers publics. « Ils ont dérobé ces cartes au sein de la société où ils travaillent. C’est pourquoi je vous demande de les condamner à 5 ans de prison ferme », a dit le parquetier. Ce réquisitoire a été jugé très sévère pour les avocats de la défense. A les en croire, les mis en cause sont des pères de famille et la thèse qu’ils ont ramassé lesdites cartes peut être tangible. Les robes noires ont aussi soutenu que la somme de 5 millions réclamée par la partie civile est exagérée. Toutefois, ils plaident coupable avant de demander une application bienveillante de la loi. L’affaire a été mise en délibéré pour jugement devant être rendu le 9 janvier prochain.
Cheikh Moussa SARR, rewmi.com