Babacar Ba: « Si on permet aux hommes de tenue de faire de la politique, c’est dire bonjour aux coups d’Etat… »

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« Si on commence aujourd’hui à permettre aux hommes de tenue de faire de la politique, c’est dire bonjour aux coups d’Etat…« , selon Boubacar Ba. Joint au téléphone par senego, le président du Forum du justiciable (Fj) a donné son avis sur le cas Mamadou Dièye, capitaine de l’Armée et la sortie de Abdoulaye Ndour, Dage de la présidence de la République qui estime que les textes devraient être revus pour que les hommes de loi puissent s’engager en politique.

« Je suis convaincu que ça ne sert à rien de garder un officier qui est démotivé dans les rangs. C’est très dangereux de garder un officier qui n’a plus envie de servir l’armée nationale. Sur ce genre de cas, peut importe s’il a envie de faire de la politique ou autre chose, ce qui était normal, c’est qu’on puisse, quand même lui accorder sa démission. Même si c’est une grosse perte pour l’armée« , souligne Babacar Ba au micro de senego.

Le président du Fj dit ne pas comprendre que quelqu’un qui a fait les grandes écoles militaires, « parce que le capitaine Dièye est sorti de Saint Cir. Ça c’est l’élite, ce n’est pas donné à n’importe qui« , puisse un bon jour quitter l’armée. « C’est une grosse perte« , regrette-t-il. Ce, surtout que « cet officier là a même capitalisé certaines informations stratégiques… »

Pour lui, c’est le code militaire, plus précisément la loi de 1978, qui dit qu’un officier, quelqu’un qui a servi l’armé, s’il a fait dix (10) ans de service, peut demander à démissionner. « Textuellement c’est permis. Maintenant la question fondamentale que les gens devraient se poser, c’est de savoir si le capitaine Dièye a rempli ces dix (10) années de service. Si c’est le cas, rien n’empêche à la hiérarchie de lui accorder sa démission. Même s’il faut regretter que ça va être une grosse perte. Je pense que le capitaine Dièye, une fois qu’il aura démissionné, ne va pas exposer sur la place publique des secrets de l’Etat. Il a envie de faire de la politique, il en a le droit mais le code de l’honneur ne lui permet pas de dévoiler certains points stratégiques de l’armée…« , renchérit notre interlocuteur.

Bientôt un (1) an que le capitaine Dièye court derrière sa démission. Une démission qui lui sera refusée, malgré les multiples tentatives auprès des services compétents. De quoi susciter la curiosité.

« Je me demande pourquoi l’Etat n’a jamais répondu à ses demandes. L’Etat n’a donné ni réponse favorable, ni une réponse défavorable« , souligne M. Bâ qui suppose que si l’Etat ne souhaite pas lui accorder cette démission, « c’est peut être parce qu’il ne veut pas perdre un officier de son rang ou qu’il ne souhaite pas avoir comme opposant une personne qui a été dans l’armée. C’est quelqu’un qui a toujours montré ses ambitions politiques, quelqu’un qui s’est toujours révolté« .

Tout sénégalais a le droit de vouloir briguer un mandat. Le capitaine Mamadou Dièye « en a le droit« , selon Babacar Bâ. Toutefois, la question que suscite les curiosités, c’est où est-ce qu’il va trouver le financement, une fois sa candidature déclarée? A cette question, le Boss du Fj de répondre: « Pour la caution, entre autres, tout le monde sait comment ça se passe. Je ne sais pas par quel moyen il va trouver cet argent. Un officier, s’il est déterminé, je pense qu’il peut l’avoir comme tout autre candidat. Je pense que ce sera une candidature objective… »

« On doit revoir nos textes afin de permettre aux policiers, aux militaires, à tous les hommes de tenue qui le souhaitent de pouvoir dire ce qu’ils pensent, qu’ils puissent donner leurs idées afin de contribuer, eux aussi, au développement de leur pays…« , affirme Abdoulaye Ndour.

Babacar Bâ est en parfait désaccord avec le Dage de la présidence de la République.

« Je suis contre cela. L’armée, c’est quelque chose de très  très sérieux. Quelqu’un qui est dans l’armée, qui capitalise certaines informations stratégiques, quelqu’un qui a occupé de hautes fonctions dans l’armée, on ne peut pas lui permettre de faire de la politique. Si on veut s’engager en politique, on ne doit pas s’engager dans l’armée. Quand vous servez l’armée nationale, vous devez y rester. Il faudra que les gens nous épargnent de ce qui se passe dans la sous région.

Le Sénégal n’a jamais connu de coup d’Etat. Et c’est parce qu’on a toujours eu une armée responsable. Si on commence à permettre aux hommes de tenue de faire de la politique, c’est dire bonjour aux coups d’Etat. Que les gens qui sont dans l’armée restent dans l’armée, servir le pays, comme cela a toujours été. Ça n’a jamais posé problème. Il arrive que certains deviennent officiers par accident, contrairement à ceux qui se sont engagés par amour. Peut être que ce sont ces derniers qui veulent sortir…« , conclut-il avec senego.

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