Alioune Ndao sort du bois. Et ça ne va sûrement pas plaire à la chancellerie et à certains de ses collègues magistrats, qui pourraient se sentir concernés par ses graves révélations.
L’ancien procureur spécial de la Crei, débarqué en plein procès Karim Wade, s’est distingué hier, lors du colloque de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), en pointant ce qu’il considère comme des dysfonctionnements de la justice. Surtout les prétendues injonctions de la chancellerie adressées au Parquet.
Aussi, poursuit Alioune Ndao dans son réquisitoire sévère contre l’exécutif, le ministère de la Justice a tendance, selon lui, à sauter le procureur général pour saisir directement le procureur de la République, «violant ainsi la loi de façon délibérée». Et pire, souligne l’ancien procureur spécial, en transmettant des ordres oraux et non écrits.
Alioune Ndao détaille : «Les instructions sont données par voie téléphonique ou au cours de réunions et gare au procureur téméraire qui osera aller à l’encontre des desiderata de la chancellerie. Les instructions du ministère de la Justice envers le procureur général doivent être écrites et non orales. Il arrive que l’on demande même au procureur de la République de ne plus répondre à des injonctions données par un procureur général. De tels dysfonctionnements ne peuvent que desservir la justice.»