Abou Kane, un comptable, un opérateur économique au cœur de l’élevage «Au Sénégal, il y a deux types d’élevage: l’élevage intensif et l’élevage extensif»

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Abou Kane est un homme qu’on ne présente plus dans le milieu de l’élevage, il est le président de l’ADAM et de FENAFO qui sont des organismes qui s’activent dans le développement de l’élevage qui est un secteur très promettant. Cette filière a aussi ses problèmes comme tous les autres secteurs. Dans cet entretien exclusif accordé à  Senediaspora.net Mr Kane nous livre son amour inconditionnel aux bétails

 

C’est qui Abou Kane ?

Je me nomme Abou Kane gestionnaire comptable de formation en même temps éleveur de mouton de race particulièrement les ladoums également je suis le président de ADAM (alliance pour le développement et l’amélioration des races) je suis aussi le président du FENAFO (fédération nationale des acteurs de la filière ovine). Par ailleurs avec l’ADAM que je dirige nous organisons le salon international de l’élevage de plus je suis le commissaire du salon national de l’élevage organisé par le Ministre de l’élevage et présidé par le chef de l’Etat.

 

En dehors de votre statut d’éleveur vous exercez d’autres activités ?

Je suis operateur économique aussi j’ai une entreprise spécialisée dans la bureautique et la sérigraphie enfin  je suis dans la distribution d’aliments de bétail.

 

Votre bergerie a été créé en quelle année et pourquoi vous avez choisi de l’appeler Galoya ?

Elle a été créée en 1999 et Galoya c’est le village d’origine de mes parents situé dans le département de Podor à 600km de Dakar

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’élevage de mouton de race ?

Je suis née dans l’élevage déjà ma maman évoluait dans cette activité du coup ça m’a donné le gout de l’élevage. Donc après mes études j’ai démarré avec mes premiers revenus à travers la vente de moutons de tabaski, par la suite j’ai eu un champ à keur Ndiaye Lo en 1997 où j’ai eu à élever une trentaine de moutons composés de ladoum et autres races métissées. Quelques mois après la totalité a été volée ensuite je suis resté un long moment sans rien faire par la suite je me suis remis dans la vente de mouton de tabaski. Deux ans après avec des terrains que j’avais acheté à Sicap Mbao je me suis remis à l’élevage de race avec une femelle  tababir offerte par ma mère et un couple ladoum offert par mon frère et au fur du temps j’en suis arrivé à ce stade.

 

Qu’est-ce que vous pensez de l’élevage d’une manière générale ?

Au Sénégal il Ya deux types d’élevage intensif et l’élevage extensif. L’élevage intensif est celui qui occupe la plus grande partie des éleveurs mais malheureusement il n’est pas rentable dans la mesure où il dépend de la pluviométrie et des fois menacé par les feux de brousse ce qu’il fait qu’il ne soit pas très fiable par conséquent on parvient difficilement à l’autosuffisance en mouton.

 

Il faut aussi noter la manque de race de qualité chez les ovins comme chez les bovins, les races que nous avons non pas une très  grande capacité en production laitière par exemple les vaches locales ne peuvent pas donner au-delà de 5 litres de lait par jour. Donc on est obligé pour augmenter la production laitière et améliorer la race de recourir à l’insémination artificielle ou même procéder à l’importation de vaches laitières.

 

Avec le mouton aussi c’est pareil nous avons le bali bali le djalobé aussi appelé race ndama et le peulh peulh et ceux-là ne peuvent pas produire beaucoup de viande .Donc ce qu’il faut faire c’est de les améliorer. Nous, l’élevage que nous faisons c’est-à-dire l’élevage intensif ou l’élevage de case, il a permis de créer un spécimen appelé le ladoum qui provient du tababer amélioré avec le métissage du bali bali des moutons tchadiens et du tababer mauritanien maintenant ce ladoum obtenu a des mensurations et un poids qui peut à son tour améliorer la race locale.

 

Parlez-nous de votre association ADAM ?

ADAM c’est l’alliance pour le développement et l’amélioration des races, elle a été créée en 1997. En 2000, il y a eu un problème et elle est restée 3 ans sans évolutions notoires la reprise s’est faite en 2003 c’est d’ailleurs a cette même année que j’ai adhéré à l’association. A cette époque nous étions juste une vingtaine avant d’être président en 2013 j’occupais le poste de secrétaire général. Actuellement étant au nombre d’un millier on a eu à accomplir pas de mal de choses entre temps on a aussi réussi à réunir et regrouper tous les grands éleveurs de la race ovine instaurer un climat d’échanges pour mieux faire découvrir le ladoum on a aussi réussi a donner naissance à un salon international de l’élevage qui constitue un évènement annuel et détient maintenant un statut international d’ailleurs nous en sommes à la 11em édition et elle est présidée par le premier ministre et accueille plus de mille visiteurs par semaine.

 

Dernièrement on a entendu dire qu’il y avait des hostilités au sein d’ADAM qu’est ce qui s’est passé exactement ?

Je tiens tout d’abord à préciser qu’ADAM est une association privée qui donc ne peut faire l’objet d’un débat public. De plus, il n’y a même pas eu de problème majeur c’était juste des mésententes des incompréhensions qui par la grâce de DIEU ont été levé. Maintenant ce n’est plus qu’un mauvais souvenir et  je garde mon statut de président de l’association en tant que tel et avec tous les membres nous allons faire de l’élevage un facteur de développement de l’élevage au sens large.

 

Quelles sont les difficultés auxquelles les éleveurs sont confrontés ?

La difficulté majeure c’est la mévente car nous produisons des moutons de race qui normalement  sont destinés à améliorer le cheptel or ils sont vendus à des prix dérisoires  pour la grande partie en vue la consommation de viande directe ou pendant la tabaski etc.

Par rapport à la production les intrants coutent chères (aliments médicaments entretien). Il y a aussi un autre fléau à savoir le vol de bétail mais aussi la petitesse des enclos freinent nos ambitions car l’idéal serait d’avoir de grands espaces des fermes où nous pourrons à la fois élever et produire une partie des aliments.

 

Est-ce que tous les éleveurs sont conscients du fait que les ladoums sont destinés à l’amélioration de la race locale ?

C’est vrai que tous les éleveurs ne poursuivent pas les mêmes objectifs il y en certains qui le font juste par plaisir d’autres pour faire profit. Mais ce que je peux dire c’est que le ladoum n’est pas un mouton de luxe encore moins un mouton de prestige mais c’est plutôt de la semence pour renforcer la productivité locale.

 

Quelles sont vos plus grandes réalisations en tant que éleveur ?

Alors là il y en a beaucoup mais ce qui m’a le plus plu c’est le sentiment d’avoir remporté les premiers concours organisés avec ma femelle Djeyna qui a été le résultat d’un long et fastidieux travail que j’ai entamé 10 ans au paravent aussi le fait d’avoir réussi à faire de Galoya une bergerie très prisée je dirais même une bergerie de référence. A titre collectif je citerais l’exploit accomplie avec mes amis éleveurs que je salue au passage à savoir celui d’avoir fait de la petite foire du mouton au début des années 2000 un grand salon international qui maintenant à une dimension internationale aussi d’avoir fait du ladoum un produit de grande notoriété et très respectés

 

Pourquoi le ladoum coute cher ?

Personnellement c’est une question qui m’intéresse beaucoup parce que tout le monde se dit qui que des moutons qui coutent des millions c’est du n’importe quoi or ce n’est pas tous  les ladoums qui coutent chers. D’autant plus que le ladoum qui peut améliorer le peulh peulh ne doit pas forcement avoir tous les critères d’un ladoum typé et ceux la c’est-à-dire le ladoum moyen peut constituer géniteur pour l’amélioration de races et leurs prix ne dépasse pas 700000

 

Qu’est-ce qu’on doit faire pour internationaliser l’élevage des ladoums ?

Tout d’abord il faut catégoriser le ladoum et le labéliser autrement dit définir ses caractéristiques et veiller à ce que tous les éleveurs s’y entendent. Il faut aussi fixer des objectifs communs qu’ils portent soit sur la production laitière ou la production de viande. Et ce n’est qu’à partir de là que l’exportation pourra se faire parce qu’aussi il faut noter que nous avons des moutons exceptionnels. Par exemple si nous prenons les saoudiens comme potentiels acheteur on doit mettre l’accent sur la qualité de la viande car eux ils préfèrent les gigots bien ronds d’ailleurs les européens et les sud-africains on fait de gros progrès sur cet aspect.

 

Selon vous comment peut-on qualifier le ladoum standard ?

Le ladoum standard c’est le mouton qui est à la fois grand et beau  avant tout c’est un aspect culturel car au Sénégal nous aimons avoir dans nos enclos des moutons très grands et super beaux. Les ladoums ont des mensurations notoires (hauteur longueur tour de poitrail la longueur cervico sacrale) on tient aussi compte de l’aspect esthétique (forme courbée de la tête car plus la tête est ronde plus le mouton est  beau, la forme symétrique des cornes la longueur de la queue la robe la forme et l’épaisseur des testicules et des mamelles). Et l’ensemble de ces critères qui constituent le ladoum type. Toutefois il est très difficile de les avoir tous dans un même mouton mais cela ne signifie pas que le mouton qui a juste 50 % de ces critères n’en est pas un. Cependant plus le pourcentage est élevé plus le mouton à des chances d’être typés ladoum. Ainsi les moutons qui sont entre 90% et 100% constituent la crème de la race.

 

Votre mot de la fin

Tout d’abord je vous remercie aussi je vous félicite de l’audace que vous avez eu pour créer cet entretien . Aussi j’exhorte mes collègues éleveurs à sortir des maisons et aller vers les fermes dans les grands espaces.  Par ailleurs je lance un appel au ministre de l’élevage   qui n’a ménagé aucun effort pour le développement de ce secteur elle me prête une oreille attentive aussi je salue son initiative à savoir celle de distribuer des ladoum dans différentes parties du Sénégal

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MAMADOU GNINGUE

 

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