La violence contre les femmes de la part de maris, est un fait récurrent dans nos sociétés traditionnelles et musulmanes.
Nombre d’hommes s’imaginent avoir le droit de lever la main sur leurs épouses, ce qui est d’autant plus aberrant que la violence n’a jamais rien réglé.
C’est pourquoi le Code pénal sénégalais punit toute forme de violence, qu’elle soit physique ou morale, les voies de fait, injures, etc. Que cette personne soit votre conjoint ou pas.
Néanmoins, ce genre d’affaires atterrit rarement au tribunal du fait de pesanteurs sociologiques et culturelles qui font que la femme qui ose porter plainte en porte les stigmates toute sa vie.
C’est ce qui a failli arriver à Ndèye Coumba Diop. Cette dame violentée par son mari à Touba a d’abord porté plainte, s’est ensuite désistée, avant de se raviser pour se constituer partie civile dans l’affaire. La tortuosité de la démarche en dit long sur le degré de l’implication de tiers, à tous les niveaux, des parents aux associations féminines, en passant par les avocats.
Cette femme a dû subir toutes sortes de pression qui l‘ont fait plus mal que les coups de fouets.
Car, la plus grande des pressions pour une épouse de chez nous est de s’entendre dire que ‘’tout cela va se répercuter sur ta progéniture’’, qu’on va leur dire que ‘’votre maman à ester en justice contre votre père’’, etc.
On devine aisément le genre de baratins servis à des victimes déboussolées par le caractère contradictoire des conseils reçus et là.
C’est toute la complexité de la démarche dans ce genre d’affaires. Et les tribunaux n’en subissent pas moins ces pesanteurs qui n’épargnent personne.
Toutefois, force est de reconnaitre que ce sont les réseaux sociaux, à travers lesquels les photos ont été largement diffusées, qui ont été plus tenaces que les traditions. L’émoi collectif suscité par ces photos a été tel que la Justice a été obligée d’aller jusqu’au bout.
C’est la rançon de la modernité. Les choses vont souvent très vite, les traditions sont bafouées par les moyens nouveaux d’information ainsi que des métiers comme le nôtre. Nous sommes sûrs que n’eût été la diligence suscitée par ces réseaux, il se pourrait que l’affaire soit vite étouffée par des parents désireux de ne pas l’ébruiter, comme il est de coutume.
La réalité est qu’internet donne un autre son de cloche aux choses. Des gens sont filmés à leur insu, des procès s’ouvrent en conséquence comme dans l’affaire du policier qui déchirait un procès-verbal. Personne ne peut nier que dans ce genre d’affaires comme dans bien d’autres, n’eut été les réseaux sociaux, il n’y aurait jamais eu procès.
Ces derniers nous plongent dans une modernité sauvage, même si parfois bénéfique, sans nous en laisser le choix. Ils sont devenus des instruments redoutables de pression sociale.
WhatsApp, Facebook et autres sont des outils très utiles à la société, mais tout aussi redoutables en termes de bouleversement des données, de perte de repères. Les délations, insultes, ‘’fake news’’ et autres manipulations y font légion. Malheureusement, on ne peut plus retourner en arrière.
C’est pour cela que la violence physique ou morale doit être bannie des relations sociales. Il n’y a pas plus désemparé que celui qui use de la violence.
Nous gagnerons tous à davantage ‘’civiliser’’ nos rapports avec les tiers dans une société où tout est enregistré et filmé. La preuve n’a jamais été aussi facile avec l’usage notamment excessif en Afrique du téléphone et des réseaux sociaux. Ces derniers ont un effet amplificateur des évènements, en apportent la preuve et les transmettent à tous, demandeurs ou non.
Nous sommes en plein dans une société de consommation de masse de l’information, au point que même les journalistes sont dépassés, obligés qu’ils sont de s’adapter ou de disparaitre.
Assane Samb