Bassirou Kébé du Pds : « Il faut un plan B au Pds parce que… »

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Président du mouvement politique Liguey Sunu Rëw et membre du comité directeur du Pds, Bassirou Kébé a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, il est longuement revenu sur sa situation au sein du Pds et la mise en place de son mouvement. Morceaux choisis.

 Plan B du Pds pour les prochaines élections

Je dis que je suis un homme de principe qui dit souvent les choses comme je les sens. Malheureusement c’est peut être un défaut en politique. Je suis souvent incompris, mais j’ai toujours alerté depuis le début. J’ai toujours alerté en interne avant que je ne fasse cette alerte publiquement. C’est pour dire qu’au Pds, il nous faut un plan B parce qu’il ne faut pas dire que c’est Karim ou rien. Il n’y a pas que Karim dans le Pds. Il y a d’autres cadres qui peuvent assumer de hautes fonctions dans ce pays. Malheureusement, je n’ai pas été compris et cela m’a valu ce que ça m’a valu. J’ai été critiqué, attaqué et ça a fait que Karim s’est permis de me combattre même lors des élections législatives. Tout ça, ce n’est pas important pour moi parce que Karim Wade c’est du passé. Depuis lors, je ne suis plus actif. Je n’ai pas fait de démission et je n’ai pas écrit officiellement pour démissionner du Pds. Mais je ne suis plus actif ni dans les activités du parti au niveau départemental ni au niveau national, en tant que membre du comité directeur ni en tant que secrétaire national. C’était ma décision. J’ai tourné la page de Karim parce que je ne veux pas que ça soit un acharnement. Mais, j’ai toujours dit que le problème du Pds c’est Karim Wade.

Bassirou Kébé et Fada, des pions de Macky Sall ?

Des cadres du parti s’étaient levés autour de Fada pour dire écoutez, il faut qu’on aille vers des renouvellements. Il faut que le parti soit bien restructuré et qu’on fasse des renouvellements de la base au sommet. Et de façon démocratique, qu’on ait un appareil qui pouvait permettre en tout cas à Karim, à l’époque, d’être notre candidat. On a mis en place les réformateurs et on a été traduits en conseil de discipline. Finalement, il n’y avait que Fada qui a été exclu. Et Fada n’a jamais dit que je l’ai lâché car j’ai été très clair dès le départ avec lui. C’est que nous menons le combat à l’intérieur du parti. Quand il a été exclu, il était obligé de sortir. Après, je me suis rendu compte qu’il a eu raison sur nous. Moi qui vous parle, je suis resté mais je n’ai pas été écouté. Karim m’a toujours considéré comme quelqu’un qui n’était pas avec lui. Revenant sur Fada, je dis qu’il n’a jamais été le pion de Macky Sall. Il a discuté avec les candidats libéraux et il est libre de s’aligner. Fada ne peut pas discuter avec quelqu’un qui n’est pas au Sénégal. Il faut accepter à Fada d’aller soutenir Macky Sall  parce que c’est libéral. Fada a ses raisons et il a été soutenu par sa base. Mais, nous ne sommes pas des pions de Macky.

Ce que je compte faire avec le Pds

Vous savez que moi je suis un Wadiste et je sais que beaucoup de gens sont dans ce cas. Toute la difficulté que j’ai aujourd’hui, c’est la personne d’Abdoulaye Wade. Malheureusement, ce dernier ne gère plus le parti. Aujourd’hui, j’ai gelé toutes mes activités au niveau du Pds. Demain, même si Karim sortait pour être candidat, je ne vais pas le soutenir. J’ai pris la décision parce que c’est trop profond entre lui et moi. Quelqu’un avec qui vous avez des divergences profondes, vous ne pouvez plus le soutenir. Depuis que j’ai gelé mes activités, personne ne m’a appelé au niveau de la hiérarchie. Donc, j’ai mis en place mon mouvement parce que je me suis dit qu’ils n’ont plus besoin de moi. Sur la question de savoir est-ce que je vais rejoindre Fada, je vous dis que ce qui est possible aujourd’hui, c’est que nous sommes une génération. Et notre génération peut se retrouver après 2019 autour des valeurs de solidarité, de libéralisme, mais de génération. Ça va transcender les partis politiques et les positions partisanes. C’est fort possible que les jeunes libéraux se retrouvent pour mettre en place deux générations formées par Abdoulaye Wade.

Le bilan de Macky peut-il lui permettre d’avoir un second mandat ?

Sur le plan de la démocratie, il y a du recul. Nous avons tous constaté que les libertés individuelles et collectives sont quelque fois bafouées dans ce pays. Pour moi, la République a des valeurs et parmi ces valeurs, il y a la démocratie. Sur le plan institutionnel, ça pose en tout cas énormément problème. La gouvernance institutionnelle, la gouvernance judiciaire, il n’y a pas d’indépendance de la justice et on ne respecte pas les mots d’ordre de la Cedeao. Sur le plan économique, on nous dit que la croissance était de 1,7% quand Macky est arrivé au pouvoir, même si nous savons que pendant cette période il y a eu des crises qui pouvaient expliquer cela, notamment la crise relative au pétrole, etc. Maintenant nous sommes à 7,2%. Sur le plan de la croissance, quand nous nous conformons au standard des institutions internationales qui gouvernent l’économie mondiale, Fmi, Banque mondiale, etc., le Sénégal a fait des bonds économiques. Cependant, le taux de croissance n’est pas senti par les populations. Il faut voir comment ce taux de croissance pourrait être ressenti dans le panier de la ménagère. Sur le plan de la gouvernance économique, il y a des scandales avec l’affaire Prodac. Je pense qu’il peut faire mieux et il doit faire mieux. Quoi qu’on dise, les bourses de sécurité famille sont une bonne politique, mais ce n’est pas bien élaboré. L’identification des familles vulnérables pose problème. On ne doit pas faire de politique dedans. Il faut améliorer cette bonne idée.

L’indépendance de la justice

On est en train de vouloir liquider un adversaire politique. Quand on voit un Président de la Cour d’appel qui s’énerve comme si c’est lui l’accusateur, ça pose problème. Même pour le cas Karim Wade que je ne soutiens plus, je pense que c’est politique. Je pense que cette indépendance de la justice dépasse la gouvernance de Macky Sall. Il faut être honnête parce qu’on a vu le cas Idrissa Seck quand nous étions au pouvoir, le cas Mamadou Dia, etc. Il faut aller vers la réforme du système et faire comme Montesquieu. Et donner du pouvoir à tous les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire : ndlr). Il faut leur donner leur indépendance. L’implication du Ministre de la Justice comme patron du système judiciaire pose problème. Car, le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant. Le parquet, maître des poursuites, reçoit l’ordre de ses supérieurs.

 

La candidature déclarée de Khalifa Sall

C’est politique. Il est en prison mais ses partisans ne doivent pas se comporter de la même manière que ceux de Karim. Dire que c’est Khalifa ou rien. On peut dire que c’est Khalifa ou rien, mais il faut se battre sur le terrain. Nous, on avait dit que c’est Karim ou rien mais on ne s’est pas battu sur le terrain. Il faut du fighting sur le terrain politique. Il faudra une stratégie politique d’occupation du terrain. Nous les politiques, on doit être beaucoup plus présents aux côtés des populations. Les politiciens n’ont l’œil que sur le fauteuil du Président. Il faut qu’on nous propose des programmes sérieux. Par ailleurs, sans esprit partisan, il faut faire beaucoup d’attention à Hadjibou Soumaré. Le pouvoir l’a tellement compris qu’il a commencé à l’attaquer. C’est un homme d’Etat et les gens le savent.

Cheikh Moussa SARR

 

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